PRESTATION 6e DAN
- Par Gil Vadelorge
- Le 05/12/2013
- Dans préparation du 6 dan
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14 mois de préparation, 40 ans de Judo, 30 ans de ceinture noire, 25 ans d'enseignement ... Le résultat ci dessous comme un aboutissement : reçu à l'examen du 6e dan avec la mention "très bien" (4 avis Excellent sur 5 jury) ; un examen couperet puisque nous avons été 25 candidats à être admis sur les 58 inscrits.
DEBRIEFING du SIXIEME DAN
Je vous propose un petit bilan « à chaud » de mon parcours jusqu’au 17/11/2013, histoire de faire partager cette longue et passionnante expérience collective de JUDO : le 6e dan c’est avant tout
En préambule, il me paraît important de préciser que le 6e dan est AUSSI un grade qui englobe un ensemble de paramètres : il faut être judoka bien sûr, avoir une bonne « forme de corps » de préférence, mais aussi enseignant et investi dans le monde du judo au-delà de son simple club.
A titre personnel je n’ai jamais été un champion même si je suis satisfait des longues années de compétition qui m’ont amenées à rencontrer de nombreux adversaires avec lesquels j’ai grandi et tissé des liens amicaux ; certains d’entre eux m’ont durant ces années largement dominé et étaient assurément de bien meilleurs compétiteurs que moi ; être aujourd’hui plus gradé qu’eux ne me pose pas de problème, je ne me sens ni meilleur ni moins méritant qu’eux. J’ai choisi de me présenter à l’examen, c’est un choix courageux et risqué tant il implique d’investissement dans la préparation ; je ne l’ai pas fait pour être meilleur que les autres, juste pour donner le meilleur de moi-même : et à ce titre la réussite du 17 novembre me rend très fier de nous (j’associe mes 5 uke avec lesquels nous avons travaillé durant 14 mois)
Ce grade vient sanctionner 40 ans de judo, dont 25 ans d’enseignement actif (je suis l’unique professeur du Judo Club de Lieurey que j’ai amené de 34 licenciés en 1991 à 158 l’an dernier) mais aussi 15 ans au sein de la commission sportive de l’Eure dont je suis responsable depuis 2 ans, sans oublier mon investissement au niveau de l’arbitrage régional, et différentes missions afférentes (membres de jury d’examen, tutorat, formateur, culture judo, unss etc.) : un engagement qui dépasse largement mon vécu initial de compétiteur de niveau national, un CHOIX de VIE bien souvent au détriment de ma famille que ce grade prestigieux vient récompenser, un ABOUTISSEMENT en quelques sortes !
Le 6e dan est un « HAUT GRADE » ; mais avant de penser au prestige (un terme très subjectif, que la réalité du tapis et du randori « balaye » bien vite …) il a fallu penser JUDO, et c’est cette partie que je me propose maintenant de vous présenter en 10 étapes :
1/ le 5e dan : un tremplin
Nous avons mis 1 an et demi pour passer les différents UV de l’ancienne formule qui était particulièrement lourde au regard de l’examen d’aujourd’hui (qui lui est très proche dans sa forme de celui du 6e dan) ; un tremplin car déjà les prémices du programme du 6e dan étaient en place, avec pour ma part une étude des balayages debout, un renversement privilégié entre les jambes au sol et un programme varié en ju jitsu : mais aussi des avis, des encouragements, et déjà une façon de travailler en faisant appel à des judokas confirmés ou spécialistes, en allant à la rencontre des autres …Ne pas rester dans son club : c’est réducteur et on passe à côté de ces échanges riches tant du point de vue de l’apport technique que du vécu !
2/ les stages : échange et déshinibition
Il faut compter une dizaine d’années entre le 5e et le 6e dan, un laps de temps imposé par le règlement, et qui me paraît utile et nécessaire pour mûrir ce que l’on a proposé au passage de grade précédent ; le temps aussi pour apprendre le Koshiki no kata, un exercice dont la complexité apparaît au gré des stages et de la pratique tant il est précis et millimétré dans sa gestuelle, la gestion du temps et de l’espace. J’ai effectué 4 stages nationaux (5 au total en comptant le 1er en juillet 2008 mais encore très loin de la préparation du 6e dan) , dont un 1er mémorable au CROZON avec maître AWAZU pour une grande leçon d’humilité … et de convivialité ! Moi qui appréhendais ce genre de stage (j’avais une image tronquée, basée sur le côté soumis, l’obligation de se montrer, voire de courtiser etc.) j’ai découvert un travail de groupe, des profs d’horizons différents, des intervenants prestigieux (P VIAL, S FEIST) très disponibles et passionnés comme moi, et puis : on s’est marrés !… Bien loin de l’image plutôt négative teintée de flagornerie.
Pour revenir sur la complexité de ce kata, je me suis senti débutant à chacun des 3 premiers, c’est seulement au dernier (Boulouris cet été) que j’ai compris que j’étais presque prêt : mais nous avions travaillé avec Yves ELIOT depuis 6 mois …
Ces stages sont aussi un excellent moyen de prendre confiance : les judokas croisés n’étaient pas meilleurs que moi, pas plus âgés non plus (j’imaginais le 6e dan comme un examen pour « anciens », en fait la moyenne d’âge des candidats est autour de 53 ans et nous étions 29 candidats de – de 50 ans (sur 58) et peu d’entre eux sont encore actifs comme je le suis (voir plus haut) : le 6e dan n’est pas réservé à des super judokas bardés de titres et de réseaux, c’est un grade, qui suit les précédents, et qui nécessite une longue et sérieuse préparation, et c’est du JUDO !
3/ le curriculum : la reconnaissance d’un parcours professionnel
C’est souvent cet aspect qui rebute certains judokas 5e dan de se présenter ; pour ma part, j’ai été « contraint » de refaire de l’arbitrage, ce qui a bien fait rigoler mes évaluateurs lors de l’examen régional (V. DEPETRA et N. OLIVIER) qui m’ont malicieusement posé la question rituelle : « mais pourquoi cette envie tardive de passer le F2 …»
J’ai de fait redécouvert le fait de vivre le judo autrement, de communiquer avec les arbitres, et ceci au niveau REGIONAL (et pas seulement départemental) et ce qui était une « obligation de service » a été une belle expérience, que je compte bien poursuivre d’ailleurs !
Pour le reste, mon investissement au sein de la commission sportive et de l’ école régionale depuis 15 ans n’avait pas été guidé par la quête du 6e dan ; que cela ait contribué à renforcer mon dossier me paraît légitime, et une juste reconnaissance de ces fonctions importantes pour la bonne marche de notre sport.
4/ le japon : retour aux sources
J’avais imaginé faire ce voyage après le 6e dan, une sorte de récompense … Et puis l’opportunité s’est présentée, et je ne regrette pas du tout ; c’est un plus dans le dossier de candidature, mais cela a surtout été l’occasion de me conforter dans ma passion, de picorer quelques éléments techniques supplémentaires, de vivre là encore une aventure humaine inoubliable …et bien sûr d’aller à la source du Judo !
5/ le choix des Uke, une passion commune LE JUDO !
Il est fondamental : il faut de bons judokas, actifs (pas des mannequins) et qui feront partie intégrante de la prestation car ils devront agir et réagir de façon à rendre les actions de TORI crédibles !
Il faut prévoir faire des kilomètres, mais cela vaut mieux parfois que de s’enfermer dans son dojo … Les témoignages de judokas ayant échoué par le passé sont éloquents sur ces jeunes « Uke » qui chutent sans sourciller mais n’ont pas l’expérience requise pour obtenir un véritable « échange » avec le candidat : mieux vaut se tourner vers un « trentenaire », qui chutera certainement moins spontanément mais avec lequel le judo sera plus naturel !
L’autre point fondamental me paraît la complicité nécessaire et indispensable pour assumer cette année et demi de préparation : mais arrivé à ce grade, les candidats savent cela pour l’avoir déjà éprouvé !
Le « Koshiki no kata » : c’est quasiment un pré-requis, c’est lui qui donne le ton de la prestation. J’ai eu la chance de pouvoir compter sur YVES ELIOT qui remplissait ce rôle pour la 5e fois et autant de succès ; nous nous sommes accordés dès la 1ère séance, alors que nous n’avions jamais pratiqué ensemble (mais nous nous connaissons et nous apprécions depuis plus de 25 ans …) ; il faut un UKE dont la morphologie est voisine de TORI, en taille et en corpulence, de façon à pouvoir au maximum retranscrire les actions et réactions de ce kata ; les chutes ne sont pas « difficiles » (mais là encore, j’ai un respect total pour mon Uke car il y en a 21 à effectuer) mais l’attitude requise nécessite un Uke à la fois « martial » et « élégant »…
A noter que j’ai également pu travailler avec Francis RIVAS, un partenaire pour le compte plus petit que moi, mais cela nous a permis de répéter et parfois d’identifier des soucis, et pour le coup j’ai dû accentuer les positions JIGOTAI …
Le « Debout/Sol » : Attention aux partenaires trop jeunes (sauf peut être pour les candidats « légers ») qui sauront moins bien réagir, privilégier un partenaire de poids comparable (un
Le « Ju Jitsu » :
Comme bon nombre de candidats, je suis exclusivement judoka et je n’enseigne pas le ju jitsu ; c’est la partie que j’ai abordé en dernier, et paradoxalement (comme lors du 5e dan) j’ai pris beaucoup de plaisir à remettre en forme un programme dont le maître mot était le rythme et le contrôle des atémis comme des projections (à noter que l’on ne doit plus appliquer d’atemi sur un adversaire au sol) ; Thierry CRESTOT qui est au moins aussi expert en la matière que moi a là encore été parfait !
6/ l’ordre de la prestation : libre mais …
Il est libre, mais je conseille de débuter par le Koshiki No Kata : personnellement, j’ai misé sur une prestation dynamique et mobile, tout le contraire de ce kata plutôt lent et figé.
Commencer par le kata donne le ton à la prestation : précision, attitude, « échauffement cardiaque » : ce kata n’est pas trop exigeant pour TORI physiquement, et nécessite beaucoup de calme et de concentration.
La difficulté est de bien rester dans son kata, de ne pas penser à la suite de la prestation dont le rythme n’aura rien à voir.
Ensuite j’ai enchaîné par le travail debout : les premières « mesures » sont fondamentales, car le jury voit « la forme de corps » et il faut capter son intérêt, tout se joue là dès le début. Sur une prestation qui compte au final plus de 100 projections, on peut se tromper une fois ou deux, mais les premières doivent être impeccables !
Autre priorité, la gestion de son UKE : il faut le projeter bien sûr, mais ne pas le massacrer (ce que l’on a encore vu dimanche à l’INJ et qui est sanctionné à coup sûr, et c’est heureux !) et bien sûr ne pas le(se) blesser, ce qui est la hantise durant toute le préparation et augmente bien sûr à l’approche de l’examen.
7/ l’inscription : à visage découvert !
Au printemps il faut candidater auprès de la ligue avec un dossier à présenter et à faire valider par une commission régionale qui ensuite transmet à la fédération qui valide ou non : une première étape « officielle » qui rend publique la préparation, un petit stress supplémentaire … Car contrairement aux autres grades, le « milieu » est au courant et suit la préparation, et là encore à mesure que l’examen approche, les questions et témoignages augmentent, une pression qu’il faut gérer (à la fois la peur de l’échec, du « qu’en dira-t-on » même si la critique est facile, mais aussi la crainte de décevoir l’entourage qui a subi la préparation) …
La plus grande angoisse restant sa propre déception en cas d’échec et la façon de la digérer : aujourd’hui je n’imagine même pas dans quel état j’aurai été si cela m’était arrivé, et j’ai beaucoup de respect pour ceux à qui cela est arrivé et qui ont su rebondir et repartir au combat ! Je ne sais pas si j’aurai eu cette force après avoir TOUT investi durant 14 mois dans la préparation : car c’est bien un travail à plein temps, une préoccupation quotidienne, y compris des nuits à somatiser (ma femme a pris quelques balayages nocturnes qui méritaient « SHIDO » …)
Je crois que seul ceux qui sont passés par là peuvent comprendre combien c’est prenant car c’est le 6e dan, le plus haut examen que l’on peut passer en JUDO, le dernier aussi, la reconnaissance de son niveau de judo et d’un rayonnement régional.
8/ les consultants : se faire corriger
Une habitude déjà prise lors du 5e dan qui me paraît nécessaire sans pour autant en faire de trop :
- Le faire permet de modifier les postures, de faire le tri dans ce qui est utile, de parler du rythme, de voir ce que la vidéo ne nous montre pas … Cela permet aussi de se rassurer quand le consultant est membre du jury et connait les exigences.
- Le faire peut à l’inverse nous détourner de notre propre programme, de notre conception du judo : je ne l’ai quasiment pas fait pour les « balayages » car je savais que j’étais dans le vrai mais que ma façon de le faire est très personnelle …
* Pour le Koshikinokata, je me suis appuyé sur les stages nationaux, le dernier à BOULOURIS étant idéalement placé (à 3 mois de l’examen) puis sur les examens blancs décrits ci-dessous.
* Pour le travail debout, j’ai consulté les CTR sur le Kumikata (SEBASTIEN MANSOIS, STEPHANE SERINET, ainsi que OLIVIER MELICINE) et l’ai montré à PATRICK VIAL ainsi qu’à JACQUES LEBERRE durant le stage de BOULOURIS : une expérience très forte et formatrice !
A ce sujet je recommande vivement d’aller à ce dernier stage en compagnie de son UKE pour le DEBOUT/SOL, j’ai eu cette chance puisque Thierry participait également au stage.
* Pour le Sol, j’ai pu bénéficier des conseils d’YVAIN DELANNOY et de MR ANDRE BOUTIN durant la dernière ligne droite, des conseils déterminants en terme de placement et de rythme de la prestation ou la difficulté était de laisser le partenaire réagir pour montrer l’évolution de la prestation. Autre point très important : l’orientation des techniques par rapport au jury et la nécessité de varier les positions de départ pour là encore capter l’intérêt (ne pas faire un catalogue de positions figées)
* Pour le Ju Jitsu, je suis allé consulter CYRILLE KULEZYNSKI professeur du département, et FRANCK LEROSEY responsable régional pour corriger les attitudes.
J’ai mis ensuite en place 3 examens blancs :
Le principal enseignement de ces temps forts : rester concentré même en cas d’erreur … Sur les 110 techniques, il y a forcément un ou deux ratés, l’important est de ne pas se désunir, c’est là aussi que l’on commence à se sentir prêt !
* Le 1er en Août avec mes seuls partenaires :
Une première expérience qui a mis en évidence la difficulté d’enchaîner le Kata (lent, précis, figé) et la suite de la prestation (rythmée, physiquement éprouvante, longue à mémoriser (au total 110 techniques) ; difficulté de rester concentré sur le kata en sachant que derrière il faudra « envoyer » ; difficulté aussi en fin de prestation de réaliser le ju jitsu, la partie la moins travaillée, la moins mémorisée, et la moins contrôlée alors que la fatigue est bien présente !
Il faut compter 3 mois de travail en enchaînant les 4 parties ; il faut également beaucoup travailler SEUL, en Tendoku reshu, pour tout mémoriser, (personnellement je le faisais chaque jour à 8h15 dans mon gymnase durant le dernier mois, à l’heure précise prévue pour l’examen).
* Le 2e en Septembre à Houlgate devant Mrs BOUTIN, LAINE et VERDIER :
Une épreuve douloureuse car j’ai été mauvais, pris par le stress (passer devant des hauts gradés de la ligue, présence également des jurys régionaux et des responsables du judo normand dans le dojo) : du coup j’ai fait une prestation CRISPEE (ce qui ne pardonne pas sur les balayages) et en prime failli blesser mon partenaire durant le Kata … Un scénario catastrophe salvateur car il m’a remis en selle (conseils encourageants malgré tout des jurés) et je me suis ensuite aperçu en échangeant que bon nombre de 6e dan étaient passés par ce genre de mésaventure avant leur propre passage …
Epreuve douloureuse aussi car je suis reparti avec une blessure sournoise au fascia lata, (une douleur au genou et à la hanche qui venait sans prévenir et me faisait boîter, mais ne m’empêchait pas de m’entraîner, et qui m’a empoisonné durant un mois et demi) …
Autre leçon de cette préparation : mieux vaut connaître un bon Ostéopathe !
* Le 3e à Rugles 3 semaines avant l’examen de nouveau devant Mr BOUTIN
Le scénario inverse cette fois : une prestation très réussie, trop presque car je me suis « emballé » et ai bouclé le programme en
9/ le Book : Se faire plaisir, mais ne pas donner non plus de « bâtons pour se faire taper »
Il y a un juste milieu à trouver de façon à capter l’intérêt, donner envie au jury de lire la suite : les recettes sont connues, il faut éviter le dictionnaire indigeste, la surabondance de photos (ce qui était mon cas dans la première mouture) et faire attention aux fautes d’orthographe et aux majuscules dans les termes japonais (qui ne s’accordent pas au pluriel : des JUDOKA) ; là encore, il n’est pas inutile de consulter les autres, judokas ou non, qui auront un regard plus neutre que le sien.
Il est indispensable de détailler au maximum sa prestation, de décrire le cheminement qui nous a conduit à la construire, de savoir l’expliquer. Pour les photos, j’ai utilisé des captures d’écran à partir de vidéos que j’ai ensuite associées (logiciel de retouche tout simple, Photofiltre) : c’est bien plus efficace et précis que les photos traditionnelles.
Personnellement, j’ai passé 2 mois sur ce Mémoire, un travail colossal alors que je ne m’y attendais pas du tout (en général j’aime bien ce genre de travail) ; la difficulté était que chaque fois que je rentrais de l’entraînement j’éprouvais le besoin de relire, modifier, compléter … Quel soulagement le jour ou je l’ai envoyé à la fédération, un mois et demi avant l’examen !
Quel labeur aussi pour imprimer les 7 exemplaires et les relier …
Ce mémoire est à disposition de tous sur le site de mon club (rubrique « blog ») à l’adresse suivante : « lieureyjudo27.e-monsite.com »
10/ l’examen :
Mon « Leitmotiv » durant les derniers jours : ne pas avoir de regret, se concentrer sur son judo, ne surtout pas penser au reste (personnes présentes, incidence du résultat) :
Je savais que l’on avait fait ce qu’il fallait en amont, que nous étions bien préparés, que les Uke étaient bons, le programme cohérent et du niveau requis, que le mémoire était à la hauteur, et que j’étais capable d’y arriver, il fallait juste être bon le jour J …
Nous sommes arrivés le samedi vers 17h, l’examen ayant lieu le dimanche matin à 8h15 avec un contrôle des passeports à 7h45 ; l’occasion de découvrir le Jury (JACQUES LEBERRE est le président du Jury, une pression POSITIVE dans la mesure ou c’est la référence nationale concernant « les Balayages » : pour avoir souvent étudié le DVD de la fédération, je connais ses exigences et je sais depuis cet été ce qu’il attend – les bases, un gros travail de déséquilibre, un placement juste du pied - )
Nous découvrons aussi la disposition des lieux, ce qui est très important pour le kata qui nécessite un positionnement très précis dans l’espace .. Ne pas s’attarder pour regarder les autres, çà ne sert à rien, c’est demain qu’il faudra faire Judo !
Soirée très sympa et étonnamment détendue en famille et avec les Uke : un sentiment de sérénité teinté d’excitation, « l’envie de leur montrer » le fruit de notre travail domine !
Le Dimanche matin : tout s’enchaîne assez vite, sans précipitation non plus, j’ai déjà visualisé le timing tellement de fois … Lever, petit déjeûner, footing, échauffement spécifique avec chacun des 3 Uke, contrôle puis concentration … Je n’avais pas prévu la barre dans le dos sur une chute à 7h57 … Gros stress mais je garde pour moi, on verra bien … Et puis c’est l’appel, direction la grande salle … Nouvelle émotion en croisant les regards des proches dans les tribunes mais reconcentration immédiate : comme aime à le répéter Yves, « c’est la guerre », la super compétition que j’attends depuis 10 ans, je monte sur le tatami presqu’avec soulagement … ENFIN !
La suite se déroule comme dans un rêve, celui que j’ai si souvent fait :
- Le Koshikinokata est précis, un peu rapide (6’28 au lieu des 6’50 habituelles), je réussis même cette maudite 12e technique si redoutée (chute sur le Coccyx, pas l’idéal avec une hernie discale L5/S1) ; la douleur au dos a disparu comme par enchantement !
- 30’’ de concentration et j’entre dans l’arêne pour la partie déterminante de la prestation, les Balayages, en sachant que tout se joue ou presque sur les 6 formes fondamentales du début … Le rêve se poursuit, tout s’enchaîne sans faute ou presque, le cœur s’emballe un peu avec le stress, mais je gère, une petite faute mais qui ne me déconcentre pas du tout tant je suis DEDANS ! Même un peu trop, je rends ma copie en 7’30 au lieu des
- J’enchaîne quasiment sans répit avec le programme au sol, juste le temps de m’éponger (je ne bois pas, certains Jury n’aiment pas …et puis je n’en ai pas besoin) ; je pense aux conseils, temporiser, laisser le partenaire agir et réagir, et là encore aucune faute, aucune hésitation, les placements sont respectés et s’enchaînent naturellement.
- Je marque un petit temps d’arrêt avant le Ju Jitsu, histoire de bien me reconcentrer sur les premières techniques, mon but est de remettre du rythme, de montrer au jury que j’ai « la caisse », mais toute erreur de mémorisation ne pardonne pas du coup … Et là encore, rien à redire, le rythme va crescendo, et nous terminons en trombe !
Au final, ma prestation aura duré
Le jury délibère très vite et nous appelle aussitôt, Mr LEBERRE m’annonce que je suis « reçu avec brio », j’apprendrai ensuite que j’ai obtenu 4 avis « excellent » et un avis « bon », soit la mention très bien, ce qui faisait aussi partie du rêve …
Il fallait bien 6 pages pour vous livrer mon ressenti sur cette passionnante expérience, en espérant que ces quelques lignes donneront envie à bon nombre de judokas de se lancer dans l’aventure, ou tout du moins de pratiquer toujours plus notre sport préféré … maintenant, place au RANDORI !
« Mon calendrier de l’avent » :
Avril 2011, Novembre 2011 : 2 stages nationaux consacrés à l’étude du Koshikinokata
Septembre 2012 : début des entraînements debout /sol (2 fois par semaine)
Novembre 2012 : 3e stage national consacré à la préparation du 6e dan
Janvier 2013 : 3e entraînement hebdomadaire consacré au Koshikinokata (Y. Eliot)
Mars 2013 : blessure de mon partenaire, poursuite avec T. Crestot
Juin 2013 : programmes debout/sol/ju jitsu prêts sur le papier …
Juillet 2013 : stage national de Boulouris et « correction » par les hauts gradés
Août/septembre 2013 : rédaction du mémoire
Septembre à Novembre 2013 : examens blancs, préparation physique, 5 entraînements/semaine
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